ABDELKADER BOUKHARI DIT «SI BADREDDINE» :: «Cest Boussouf qui a créé Boumediène, comment se fait-il quil lui quémande un poste ?»
Lesoir; le Dimanche 30 Decembre 2012Ceux qui ne lont pas côtoyé ne savaient plutôt pas grand-chose sur son action. Certains le respectaient, dautres le craignaient et nombreux ne laimaient pas du tout. Ceux qui ont travaillé sous son commandement gardent de lui, par contre, limage dun père protecteur
Lyas Hallas Alger (Le Soir) Exit la responsabilité dAbdelhafid
Boussouf, Si Mabrouk de son nom révolutionnaire, dans lassassinat dAbane
Ramdane, hier au centre de presse dEl Moudjahid où il était question de
lévoquer. Hocine Senoussi, un «malgache», a raconté cette anecdote qui
en dit long sur les mobiles des uns des autres : «Un jour Si Mabrouk
avait fait visiter la base Didouche à Lakhdar Bentobal. Cest une
ferme située à 80 Km de la capitale libyenne Tripoli, près des
frontières avec la Tunisie ; un sympathisant lavait mise à la
disposition de la Révolution et elle fut lun des plus importants
centres du ministère de lArmement et des Liaisons générales (MALG). A
la section du fichier, Bentobal avait insisté pour connaître ses
missions. A ce moment, Boussouf, qui demandait toujours à ses
collaborateurs de rester dans des généralités quand ils recevaient des
dirigeants qui nétaient pas du MALG et donc de ne pas verser dans les
détails, avait dit à lun des gars de la section de lui sortir la fiche
de Bentobal. Stupéfait, ce dernier lui répliqua : «Vous nous espionnez
?». Et Boussouf de demander à nouveau de lui sortir sa fiche personnelle
pour le rassurer. ». Le MALG avait établi 120 000 fiches pour des
Algériens et des milliers dautres pour des étrangers. Un fichier de
renseignements généraux qui ne comptait pas, uniquement les militants et
sympathisants de la cause nationale, mais aussi les collabos avec le
colonialiste français. Bref, a indiqué Hocine Senoussi, «Boussouf savait
tout sur tout le monde et cela avait nourri un sentiment de crainte.».
Et de souligner : «Le MALG nétait pas une police secrète au service
dun pouvoir mais, un service pour protéger la Révolution. Sinon,
Boussouf aurait pris le pouvoir en 1962 tout simplement, parce quil
était le plus puissant. Il sest retiré, volontiers, de la scène
politique parce quil ne voulait pas justement se salir les mains avec
le sang des Algériens.».
Un père éducateur, un modèle de patriotisme
Dans la lettre quil avait adressée à ses collaborateurs au
cessez-le-feu, lue par Abdelkader Boukhari dit « Si Badreddine»,
Boussouf disait, en substance : «La guerre est finie, lheure est à la
reconstruction et au développement du pays. Jinvite les militants qui
se trouvent à létranger de rentrer et ceux de lintérieur à se mettre
au service de lAlgérie.». Boussouf, a ajouté Si Badreddine, avait
recruté et organisé la formation dun nombre important de jeunes à
travers les écoles de guerre et les universités des pays frères et amis,
dont certains avaient fait grossir les rangs des puissants bataillons de
larmée des frontières. Tout comme il avait structuré les réseaux
despionnage, de contre-espionnage et de soutien logistique au service
de la Révolution. «Contrairement à certains combattants qui naimaient
pas les jeunes instruits, lui, les adulait et avait fait de son mieux
pour les former encore. Cétait un visionnaire et avait pensé à la
reconstruction du pays bien avant lindépendance », a-t-il dit. Ceux qui
ont servi sous ses ordres, sest-il félicité, connaissaient sa valeur et
le considéraient comme le plus grand chef de la Révolution. «Il était
pour nous un père, un éducateur et modèle dorganisation et de
patriotisme.», a-t-il soutenu. «Il cultivait la méfiance et le secret et
les érigeait en règle à son action, parce quil pensait que cétait
indispensable pour la réussite de la Révolution. Cétait sa nature et
pour preuve, il était lun des rares membres de lOS dont la police
coloniale ne savait rien et qui avait survécu au démantèlement des
réseaux de lorganisation. Pendant quil était au GPRA comme responsable
du MALG, aucune cargaison darmes navait été saisie jusquà
lindépendance. Alors quauparavant, les services de lennemi avaient
infiltré plusieurs réseaux de soutiens du FLN, arraisonné sept bateaux
acheminant des armes pour lALN et fait couler trois autres.», a
surenchéri Hocine Senoussi. Bref, conclut-on, «les gens se disent
beaucoup de choses de lui, parfois par ignorance et souvent par
méchanceté». Et dire quil a été voir Boumediène à sa prise du pouvoir
en 1965 pour solliciter un poste et que ce dernier, pour le contrarier,
lui avait proposé la direction des chemins de fer ? «Que des racontars !
Il na jamais été le voir ! Puisque cétait Boussouf qui avait créé
Boumediene, comment se fait-il quil lui quémande un poste ?! Il sest
retiré volontairement de la scène politique. Personne ne lavait
contraint à le faire parce que personne nétait aussi puissant que lui
pour oser lécarter», a établi Si Badreddine.
L. H.
Categorie(s): actualités
Auteur(s): L. H.